Alors que la COP23 se tient à Bonn, plus de 15 000 scientifiques, dont un millier de Français, de 184 pays ont publié dans la revue BioScience une tribune intitulée « Avertissement à l’humanité ». Le texte alerte sur les risques de déstabilisation de la planète, faute d’actions pour préserver l’environnement et les écosystèmes. Et il recommande, entre autres actions, des mesures démographiques comme la réduction du taux de fécondité et la détermination d’une taille de population humaine soutenable.
Le penseur Pierre Rabhi réagit à cet appel
« Je n’ai pas attendu la proclamation des 15 000 scientifiques pour tirer la sonnette d’alarme, qui n’est pas simplement une alerte climatique mais sociale, explique Pierre Rabhi.
Moins d’un cinquième de l’humanité collecte les 4/5 des ressources de la planète, surconsomme et jette, alors qu’un enfant meurt de faim toutes les 7 secondes.
L’argument démographique est une imposture. Il y a bien longtemps que je combats cette idée. Il y a largement de quoi nourrir tout le monde. La question est celle de l’équité, de la répartition des ressources.
Les religieux auraient dû s’emparer de cette question écologique depuis longtemps, pour protéger la création de la profanation. Alors qu’on a laissé s’imposer un courant de pensée qui épuise les ressources de la planète tout en l’empoisonnant et en la rendant invivable.
Nous sommes dans une société du profit, de l’argent. Si on s’occupait vraiment d’écologie, il faudrait prendre des décisions radicales qui iraient à l’encontre de ces intérêts financiers.
De ce point de vue, la COP 23 peut avoir des effets désastreux, car elle fait diversion : elle laisse croire qu’on considère les problèmes écologiques comme importants, alors qu’on ne prend pas les décisions drastiques qui s’imposent. »